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jeudi 21 janvier 2010

Le bottier du prince Charles a rencontré ses clients «sur mesure»

Article paru dans le journal LA TRIBUNE DE GENEVE du 29 septembre 2009. Article original lisible également ici.

SOULIERS | En visite à Genève hier, le descendant du bottier anglais John Lobb a pris ses commandes.

copyright © L. Guiraud


Le chausseur William Lobb. «Je me déplace de ville en ville à travers le monde voir les clients, et sur rendez-vous. C’est inclus dans le service», explique-t-il.

CHRISTOPHE PONZIO | 29.09.2009 | 00:00

Une feuille de brouillon blanche posée sur une planche en bois, un mètre, un crayon, et le tour est joué. Ou presque. William Lobb, arrière-arrière petit-fils du célèbre bottier anglais John Lobb, était de passage hier à Genève, rue de la Tour-de-l’Ile, pour rencontrer ses clients. Sans dédicaces toutefois, même si la maison londonienne a chaussé certains Pulitzer ou Sinatra, et aujourd’hui encore la reine d’Angleterre et le prince Charles.

William Lobb s’est donc contenté de prendre une quinzaine de mesures, première étape du processus de fabrication à la main d’une paire de souliers d’exception. Il durera six mois.

Car concevoir des chaussures sur mesure n’est pas une mince affaire. «Je me déplace de ville en ville à travers le monde voir les clients, et sur rendez-vous, explique William Lobb. C’est inclus dans le service.»

Ils ne sont en effet plus qu’une poignée de bottiers à perpétuer la tradition, les autres s’étant tournés vers une production industrielle. Et les clients, aussi prestigieux soient-ils, ne courent pas les rues. Même à l’heure du déjeuner. Un seul rendez-vous était planifié à Genève. Gary Levy, le propriétaire de la boutique Brogue qui l’accueillait, avait donc envoyé quelques invitations.

Faire partie du club

Richelieu, Derby ou William – noms des principaux modèles – noirs ou bruns, et toujours en cuir, les escarpins Lobb sont tout sauf modernes. «Nous prenons soin des valeurs traditionnelles que la famille avait lors de la création de l’entreprise en 1849, explique William Lobb, 43 ans, qui a pris le flambeau depuis ses 18 ans. C’est cette continuité que les gens apprécient. Ils cherchent aussi à faire partie du club des célébrités qui portent nos chaussures.»

Une fois les mesures prises, William Lobb dessine la forme du pied pour qu’elle soit ensuite façonnée par l’artisan formier, toujours à la main, dans une bûche de charme blanc. C’est à partir de là que les différentes pièces de la chaussure seront assemblées pour créer le soulier, qui pourra repartir aux ateliers londoniens, une fois la livraison faite, pour des ajustements.

Plus de 4500 francs

A Genève, les clients sont peu nombreux, discrets et préfèrent souvent se rendre directement aux ateliers de Londres, où trente artisans travaillent. Hier, deux habitués ont finalement passé commande. L’un pour quatre paires, l’autre pour une.

Un sacré investissement, puisqu’il faut débourser plus de 4500 francs pour porter ces petits bijoux aux pieds! «C’est mythique, un peu comme une Rolls-Royce faite sur mesure, lâche Valentin Faleni, hôtelier de 34 ans, et client de la boutique. C’est dix fois plus qu’une belle paire en cuir standard!» Peu importe, puisque le célèbre bottier attend quatre clients demain. A Zurich cette fois-ci.

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